La question qui est apparue en menant cette enquête est « pourquoi ? », pourquoi prendre le risque de raviver les contaminations radioactives enfouies sous le Fort de Vaujours ? Cette carrière vaudrait-elle vraiment le risque ? Cette question nous ramène à la question centrale de toute cette affaire, pourquoi l’État s’est-il défilé de ses responsabilités de nettoyage du site en le vendant à Saint Gobain/Placoplatre ? Pour certains proches du dossier, le pouvoir économique et industriel de Placoplatre est irrésistible et son influence touche jusqu’au plus haut de l’État. François Hollande s’est rendu avant son élection sur le site de Vaujours montrer son soutien à l’activité de Placoplatre. L’adjointe de l’ancien ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, Nadia Féraoun-Bouzigues, était elle-même directrice de stratégie chez Saint Gobain. Si les politiques ont toujours eu l’habitude, à tort ou à raison, de s’entourer d’acteurs issus du monde de l’entreprise, la pratique obscurcit bien souvent la distinction entre intérêt économique et intérêt public. L’usine de plâtre de Vaujours est la première usine de son genre en Europe, un monstre qui a besoin d’être alimenté, et une carrière comme celle de l’ancien fort est en mesure de l’alimenter pour au moins les dix prochaines années. Difficile d’ignorer le poids économique en jeu.